Guernesey 27 mars 1868a, vendredi matin, 7 h.
Bonjour, mon grand, mon doux, mon ineffable bien-aimé, bonjour, je t’adore. Si je jugeais de ta nuit par la mienne, je n’aurais pas lieu de m’en réjouir car elle a été rien moins que bonne en tant queb sommeil seulement. J’aime mieux croire que tu as bien dormi, ce qui compense, et au-delà, mon insomnie. Je t’écris ce gribouillis à toutes voiles dehors avec un embrasement de soleil dans toute ma chambre et l’amour plein mon cœur. Tâche de ne pas oublier d’apporter de la collation tantôt quand tu viendras baigner tes yeux car notre provision touche à sa fin sans que ma faim en soit diminuée, au contraire. Pendant que j’y repense, je te fais souvenir que la traite de Madame Nicolle n’est pas encore partie. Il serait urgent de ne pas différer plus longtemps à l’envoyer surtout aux alentours du dimanche. Si cela ne t’ennuie pas trop, nous nous débarrasserons de cette corvée aujourd’hui même. Je te promets de nouveau que c’est la dernière fois que je te donne ce tracas.
Je t’aime. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 88
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « Guernesey, 27 mars 67 ».
b) « en temps que ».