Guernesey, 11 mars 1868, mercredi, 7 h. ½ du matin
Cher adoré, je suis vraiment honteuse d’avoir une aussi mauvaise nuit à t’offrir en échange de la ravissante journée que tu m’as donnée hier [1]. Mais puisquea tu exiges que je t’informe exactement et jour par jour de mes misères, je suis forcée de t’avouer que j’ai été assez tourmentée par mes vieilles douleurs toute la nuit. Maintenant que cette maussade confession est achevée, permets-moi de n’y plus songer et de me rappeler seulement de l’aimable et triomphale promenade d’hier et que je t’adore. Quant à la petite Thérèse, on dirait à la voir porter avec une sainte componction ses deux belles boucles d’oreillesb que ce sont deux étoiles du bon Dieu qui se sont accrochées par miraclec à ses oreilles [2]. Jamais dans ses rêves les plus azurés elle n’en avait vud de pareilles. Pour mettre le comble à sa joie et à son bonheur, je lui permettrai tantôt d’aller les montrer à son père. Quand je pense que c’est toujours toi qui fais tout le monde heureux autour de toi, mon cœur se fond de reconnaissance et d’amour.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 72
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « mais puis- ».
b) « ces deux belles boucles d’oreilles ».
c) « par miracles ».
d) « elle n’en avait vues ».