Guernesey, 10 mars 1868, mardi matin, 7 h. ½
Tu vois, mon cher bien-aimé, que je me récupère, et au-delà, de ma mauvaise nuit par beaucoup de bonnes. Celle-ci encore, j’ai dormi comme un sabot jusqu’à ce moment. Je voudrais être sûre que de ton côté tu as passé une bonne nuit. En attendant, je le désire de toute mon âme. J’espère que tu auras de bonnes nouvelles de ta famille aujourd’hui doublées de quelques nouvelles gentillesses de ton cher et ravissant petit Georges. Le moment approche où tu vas revoir ce charmant petit être qui a fait dans mon cœur un si profond creux que je me résigne d’avance à ma solitude pour te donner tout entier le bonheur de vivre auprès de lui. Cela me fait penser à te dire qu’il est bien entendu que si ta femme est ici pendant le voyage de Suzanne en France, je me suffirai de cuisine à moi-même avec l’aide de la petite Thérèse. Je ne te demande l’hospitalité que dans le cas probable où tu serais toujours GARÇON. En attendant, je me fais honneur et bonheur d’être votre gargotièrea en chef. Qu’avez-vous à répondre ? Moi, je vous aime et je vous adore. Voilà ma réponse.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 71
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « gargottière ».