Paris, 22 septembre 1881, jeudi matin, 10 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour. Je te fais souvenir, tout d’abord, que tu as ton rendez-vous avec Mme Laurent [1] pour l’orphelinat à deux heures ; d’autre part, qu’on doit t’apporter le bracelet de Paule Meurice [2] avec facture acquittée, à quatre heures tantôt. Sans parler de Colbeau avec lequel tu dois t’entendre pour la porte [3] ; chose très facile, d’ailleurs, pour peu que tu y consentes dans l’intérêt de la santé de Mme Lockroy. Et cela aujourd’hui même si c’est possible. à ce sujet, je te préviens que Mme Bally et ses deux enfants déjeunent chez toi ce matin. Il serait bien à toi, pour reconnaître l’hospitalité qu’elle a donnée à plusieurs reprises à tes enfants pendant la maladie de leur mère, de tâcher de lui faire l’honneur de ton déjeuner ce matin. Pour cela il faudrait te lever un peu plus tôt et presser ta toilette un peu davantage.
Cher adoré, tu vois que je ne néglige aucune occasion de faire fonctionner la mouche de ton coche au risque de l’empêcher d’avancer. Mais, ce qui avancera toujours, quoi que je fasse et toi aussi, c’est mon amour invinciblement dévoué à ta personne et à ta gloire.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 214
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette