Paris, 22 sept[embre] [18]79, lundi, 9 [heures] du soir
Si tu crois en être quitte pour zéro gribouillis aujourd’hui tu te trompes beaucoup, mon cher petit homme, car me voici, toute plume et tout cœur dehors, élucubrant de-ci, de-là, imperturbablement. Depuis ce matin que je trime dans la maison c’est bien le moins que je me donne à moi-même la satisfaction de t’embêter de mon amour.
Tout à l’heure, avant que tu ne te remettes au travail, je te prierai de me dicter la lettre qu’il faut que je réponde pour toi à Mme Edmond Adam [1]. Le mieux serait que tu l’écrivesa toi-même, ce serait moins désobligeant et tu ne risquerais pas de blesser une femme aimable qui t’admire et qui t’aime, voilà mon opinion.
Tu devrais aussi, et en même temps, écrire à Paul Meurice et à Mme Ernest Lefèvre pour les remercier de leur gracieuse hospitalité. Mais te voilà, il sera plus court de te dire de bouche ce que je te gribouille si mal. Assieds-toi à ma place et… vas-y. Moi j’achève ma restitus comme je l’ai commencée, bêtement et tendrement. Dameb, on fait ce qu’on peutc et la plus vieille fille du monde ne peut donner que l’amour qu’elle a.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo en son hôtel
BnF, Mss, NAF 16400, f. 224
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « écrive ».
b) « dam ».
c) « peu ».