Paris, 27 oct[obre] [18]79, lundi soir, 5 h.
Quelle douce, quelle tendre, quelle adorable lettre tu viens d’écrire à tes chers petits-enfants et à leur mère [1], mon ineffable et divin bien-aimé ! J’en ai l’âme toute remuée d’adoration et aussi de tristesse parce que je sens que tu souffres de leur absence, beaucoup trop prolongée, quelque effort de générosité héroïque que tu fassesa pour le leur cacher. Mon cher adoré, je voudrais pouvoir te masquer à toi-même le vide momentané que fait dans ta vie l’éloignement de tes chers petits, mais hélas je sens bien que tout mon amour n’y suffit pas ; j’ai beau t’aimer, t’aimer encore et t’aimer toujours, jusqu’à en remplir la terre et le ciel, je sens bien que rien ne peut combler le trou noir que fait dans ton âme l’absence de tes deux enfants. Dans l’impossibilité de te rendre ce que tu regrettes, mon sublime bien-aimé, je joins ma bénédiction à la tienne et je leur crie avec toi : amusez-vous, portez-vous bien, soyez heureux, aimez-nous et revenez le plus vite possible.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 257
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « fasse ».