Paris, 1er juillet [18]79, mardi, 9 h.
Il ne sera pas dit, mon cher grand homme, que j’aurai jamais renoncé volontairement à toutes les belles occasions qui se sont présentées, qui se présentent et se présenteront encore, espérons-le, de m’écrabouiller dans votre illustre compagnie. Donc, demain, j’aérostateraia avec vous quitte à redescendre tout bêtement sur la terre [1].
En attendant je viens de faire les comptes du mois de juin dont je joins ici les TOTAUX, qui ne te serontb jamais aussi CHERS que les miens, de TOTOS ! Dame, coûtez donc, citoyen ! On peut tout se permettre quand on a l’audacec de grimper dans les nues. Vous n’avez que ce que vous méritez.
Il n’est pas venu d’autre avis du Sénat que celui de passer à la caisse (c’est doux) pour y toucher des sômmes et vos insignes de sénateur [2] (une écharpe). Du reste rien de rien, pas même de lettres qui méritent d’être lues. Il ne reste que moi pour tout plaisir (c’est peu) mais la plus vieille fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a : 0000000000000d.
Et son cœur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 166
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « aréostaterai »
b) « serons ».
c) « quand on l’audace ».
d) Les treize « 0 » courent jusqu’au bout de la ligne.