Paris, 19 août [18]79, mardi matin, 6 h.
Je te plains de toute mon âme si ta nuit a été aussi impitoyablement mauvaise que la mienne ; mais j’espère que non et que le malaise de ton insomnie ne s’ajoutera pas au mien.
Je vais envoyer tout à l’heure ta lettre à Mme Lockroy à la poste. Je te fais souvenir en même temps que tu as une dédicace à accepter d’un livre que publie un monsieur A. Nardeau [1], recommandé par Joigneaux et maintenant par Vacquerie auquel il a écrit à ce sujet. Autre guitare, troisième lettre du successeur de Cerf opticien de Bruxelles qui réclame le paiement d’un achat de jumelles et de lorgnon par Mme Marie Hugo qui n’aurait pas été acquitté. Ce monsieur ne recevant pas de réponse de toi jusqu’à présent t’annonce sa visite pour demain, mercredi, entre deux et trois heures. Cette heure est commode si tu veux le recevoir sans te déranger puisque c’est celle de ton après déjeuner. Je pense que tu feras bien de voir cet homme et ce qu’il peut y avoir de fondé dans sa très tardive réclamation. Je te fais penser, encore, pendant que nous sommes dans ce pays-là, à répondre aux deux lettres de la Banque Nationale dans le cas où tu ne l’aurais pas déjà fait. Maintenant que je t’ai bien assommé de mes recommandations fastidieuses je t’embrasse de tout mon cœur pour t’empêcher d’en perdre tout à fait l’habitude.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 205
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette