Bruxelles, 21 septembre [18]67, samedi matin, 8 h. ½
Bonjour. Sourire et amour si tu as bien dormi, comme je le désire et comme je l’espère, malgré ton commencement de rhume. Moi, j’ai fait de mon côté une très bonne nuit et me porte très bien ce matin et je m’en vante.
Le citoyen Allix a dû arriver chez toi en même temps que toi hier au soir, ce qui t’aura fait veiller probablementa très tard ainsi que toute ta famille. Heureusement que vous pouvez vous rabibocher ce matin par un fort pionçage collectif et particulier jusqu’à onze heures ou midi. Donc je ne vous plains ni les uns ni les autres. Dormez, mes chères amours [1], et petit Georges aussi.
Voici qu’on apporte le journal et j’y vois qu’on donne le même spectacle que l’autre soir. Donc nous n’irons pas à ce fort embêtement, à moins que Berru qui ne le connaît pas soit assez féroce homme pour nous imposer cette niaise corvée.
Quant à moi, je me borne à leur donner le dîner que je leur avais promis et que je leur dois pour leur hospitalité de tous les soirs. Ce petit devoir accompli, le reste ne me regarde pas. Je saurai au reste d’ici à tantôt, ce qu’ils auront décidé pour la soirée et je te le dirai quand tu viendras.
La tenture me tente beaucoup mais pour me décider, je désire qu’elle te plaise encore plus qu’à moi, sinon j’y renonce tout de suite. Et je t’adore dans tous les cas.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 233
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « problement ».