Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Mars > 1

1er mars [1838], jeudi matin, 11 h.

Bonjour mon cher adoré, bonjour mon amour. Comment vont tes yeux ? Comment va ton cœur ? Comment va ton amour ? Le mien se porte au mieux il [est] gros et grand comme le monde et je le loge dans un corps d’une capacité ordinaire comme vous savez. Jour, mon petit homme chéri. Viendras-tu me voir avant d’aller à ta répétition ? Je voudrais bien baiser tes yeux ce matin. Je crois que cela me guérirait mon mal de tête qui est aussi fort qu’hier. J’attends ma petite fille tantôt. Si tu peux nous conduire le soir chez la mère Pierceau cela me fera marcher un peu et puis elle jouera avec le petit Pierceau. Si tu ne le peux pas, nous resterons bien tranquillement dans notre coin sans grogner. Je vais écrire à Mme Kraft une lettre que tu verras pour savoir d’elle si elle profitera de la loge samedi elle-même. Je t’aime mon Victor. Je n’ai pas autre chose à te dire, c’est bien peu sur le papier, et c’est toute ma vie, tout mon cœur, toute ma pensée. Je t’aime. Pense un peu à moi, je le sentirai et je t’en aimerai encore plus si c’est possible. À bientôt peut-être ? À toujours pour t’adorer.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 117-118
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain


1er mars [1838], jeudi soir, 11 h. ¼

Cher petit Toto, je vous écris plus tard que d’habitude parce que la cousine de Mme Pierceau est venue avec son mari et qu’elle ne fait que de partir à présent, nous n’avons pas tari sur toi, sur vous, mon grand et admirable Toto. Je t’aime, moi, c’est bien plus, et puis je t’admire par-dessus le marché, c’est-à-dire à travers mon amour. C’est Mme Lanvin qui m’a amené Claire parce qu’elle avait vu M. Pradier aujourd’hui au lieu de demain et qu’elle voulait me rendre compte de sa visite, je te dirai ce soir ce qu’il lui a dit. En attendant je te dis tout ce que j’ai sur le cœur, c’est-à-dire de l’amour, de l’amour et de l’amour. Je vais être bien tourmentée samedi quoique le succès soit plus que sûr mais c’est égal, je ne pourrai pas faire autrement que d’être la plus inquiète des femmes ce jour-là. Il paraît que la conscience de Claire ne lui permet pas d’assister à Marion dans le Carême. Je la laisse faire, je ne violente pas sa conscience. Je t’aime mon Victor adoré. Je t’aime mon Toto, je ne sais pas si j’aurai assez d’encre ni assez de temps pour achever d’écrire mon dernier mot, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 119-120
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne