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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 mars [1836], jeudi matin, 10 h. ¼

Bonjour, ma chère petite âme, comment avez-vous passé la nuit, toi surtout, mon grand Toto, méchant et injuste, comment vas-tu ce matin ? Moi, je t’aime. Voilà comment je vais. Hier, dans un moment de juste indignation pour la manière dont tu interprétais mes démonstrations d’amour, j’avais résolu de ne plus t’écrire jusqu’à ce que le goût de l’amour te soit revenu. J’attribuais aux trop grandes preuves d’amour que j’ai été assez heureuse pour te donner depuis un an, et surtout depuis trois mois, la fatigue et le dégoût qui s’est emparé de toi et dont tu rejettes sur moi toute la faute. Mais j’ai tant de bonheur à t’écrire, je souffre tant de penser que tu es blasé sur mon amour, que j’aime mieux me faire illusion en continuant de t’inonder de tendresses de toutes sortes comme par le passé.
J’ai hâte de te voir pour savoir comment va ton cher petit ange et comment, toi, tu as passé la nuit ; et puis j’ai sur les lèvres tant d’amour que ton ingratitude a refoulé hier dans mon cœur, et puis j’ai celui de cette nuit, celui de ce matin, celui d’à-présent, celui de tantôt, celui de toujours, à te donner pour soulager d’autant mon pauvre cœur trop plein.
Bonjour, je t’aime. C’est vous qui êtes une VIEILLE BÊTE, vous radotez, vous ne savez ce que vous dites ; moi, je suis une jeune POULETTE parce que je vous aime.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 250-251
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


31 mars [1836], jeudi soir, 9 h.

Cher bien-aimé, voici qu’il est déjà l’heure passée. Je ne crois pas que tu viennes maintenant pour aller au théâtre, mais j’espère encore que tu pourras venir pour baiser ta pauvre Juju qui ne demande que plaie et bosse.
Nous avons dîné très tard parce que les serruriers n’ont fini qu’à huit heures.
Je t’aime mon amour, je t’aime mon Victor, il faut bien que tu le croies puisque je te le dis avec l’âme, puisque je te le dis avec le cœur, puisque je te le dis avec les yeux, puisque je te le dis avec la bouche et puisqu’enfin, je te le dis toujours dans ma pensée.
Cher ange, j’espère que le retard que tu apportes à venir auprès de moi ne veut pas dire que notre cher petit Toto soit plus souffrant ce soir. Mon amour, ma joie, mon grand Toto, je vous aime et je vous suis fidèle, entendez-vous ?
Je vous baise pour toutes les bêtises que vous m’avez dites, je vous caresse pour tout le mal et toutes les injustices que vous m’avez faites depuis hier.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 252-253
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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