Guernesey, 24 octobre [18]67, jeudi, 7 h. ½ du m[atin]
Vous m’avez passé devant l’aquilin tout à l’heure, mon cher bien-aimé, et cependant j’étais à l’affût pour vous voir bien avant sept heures. Mais je vous pardonne votre escamotage, pourvu que vous ayez bien dormi toute la nuit comme j’en ai l’espoir. Quant à moi, je me suis assez tournée et retournée dans mon lit, sans autre motif que celui de ne pas pouvoir dormir. Voilà tout.
Je vais prendre un bain tout à l’heure qui me détendra un peu le système nerveux, je n’en doute pas.
Cher adoré, je suis vraiment honteuse de m’imposer si longtemps à ta maison et surtout à toi dont ce n’est pas l’état. Je crois que je vais prendre le parti extrême de faire faire le dîner chez moi, tellement quellement [1], et de te le servir dans la salle verte moi-même, puisque je n’ai pas encore de domestique, plutôt que de continuer à te donner l’ennui de tenir maison ouverte quand tu as autre chose à faire. Nous en déciderons aujourd’hui même. En attendant, je t’aime de toutes mes forces.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 257
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette