Guernesey, 23 octobre [18]67, mercredi, 6 h. ½ du m[atin]
Dors, mon cher adoré, pendant que je t’aime et que je te bénis. Quel bonheur pour moi d’avoir retrouvé ce cher petit talisman [1] de ma chère Claire qui te protège, qui NOUS protège tous les deux. J’en ai la sainte confiance. Je suis si heureuse que je n’en aia presque pas dormi de la nuit. Mais ne me plains pas puisque je n’ai fait que penser à toi, à ELLES [2] et à tous tes chers aimés de là-bas. Je voudrais pouvoir remercier le bon M. Pyrkeb [3] de façon à lui faire sentir toute ma reconnaissance pour le service qu’il NOUS a rendu. Je compte sur toi pour cela, mon cher adoré, car tu es l’esprit de mon esprit, le cœur de mon cœur et l’âme de mon âme. J’ai le regret d’assister sans toi en ce moment au plus magnifique lever de soleil qu’on puisse voir. On dirait une grosse rose de feu dont la tige serait cachée par Serk, puis le croissant splendide qui s’enfonce peu à peu dans le ciel bleu. C’est sublime ! J’espère que ton rêve sera assez transparent pour t’en laisser voir quelque chose.
En attendant, j’admire, je prie, je t’aime, je te souris et je te bénis.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 256
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « je n’en n’ai ».
b) « M. Peark ».