16 mai 1855

Jersey, 16 mai 1855, mercredi soir, 6 h.

Vous vous êtes bien donné de garde de venir au-devant de moi dans KING STREET, affreux bonhomme que vous êtes, vous avez craint que je ne vous manifesTASSE (je vous prie de remarquer cet imparfait tout subjonctif qu’il est) publiquement ma joie et mon admiration pour les splendides chefs-d’œuvre^a dédiés à la CHARMANTE FÉE DE SAMAREZ COTTAGE [1], ainsi que du fameux bouquet à CHLORIS [2] DÉPOSÉ À SES PIEDS. Peut-être avez-vous eu raison au point de vue de votre modestie car il est certain que je n’aurais pas pu retenir mes cris d’attendrissement et d’enthousiasme pendant toute cette galanterie artistique et CHŒNOSOPHIQUE. LÀ ÉTAIT LE IQUE et vous avez bien fait d’en éviter l’explosion frénétique. Du reste, je suis au comble de mes vœux et je suis fière d’être Juju quand je contemple la vitrine de King Street. Rien ne manquerait plus à mon bonheur si je pouvais voir le RESTE OFFERT ou DÉPOSÉ à cette ou dans cette même fée sans parler des AUTRES… FÉES CONDES, FÉES RÉES, FÉES MURES, FÉES ROSSES, FÉES LICITÉS , FÉES NIX INCONNUES ET CONNUES. Cela m’arrivera inévitablement un jour et alors : quel bonheur !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!^b

BnF, Mss, NAF 16376, f. 205-206
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « chef-d’œuvres ».
b) Juliette Drouet a rempli une ligne de points d’exclamation.