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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 2 mai 1862, vendredi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour du cœur et de l’âme, puisque mes yeux te cherchent vainement dans ton atome. Jusqu’à présent, je n’ai vu que ton matelas qui verdoie et tes couvertures qui poudroient [1]. Cela prouve que tu as été plus matinal que moi aujourd’hui. Il paraît qu’après avoir voulu me lever à cinq heures, je me suis rendormie jusqu’à huit. Ce n’est pas un crime mais cela me désheure pour toute la journée et je n’aime pas cela. Du reste, j’espère que tu as passé une good nuit et je désire que tu te portes aussi bien que moi ce matin et je serai la plus heureuse des Jujus. À propos de Juju, c’est demain que nous finissons la collation de ce cher et adoré manuscrit. Je ne saurais dire si le regret que je ressens de me séparer de toutes ces splendeurs, qui ont été si longtemps presque à moi seule, l’emporte sur la joie de te savoir bientôt hors de ce labeur surhumain. En attendant, ma tendresse, mon admiration, ma sollicitude et mon adoration vont de toi au livre et du livre à toi comme les baisers d’une mère à deux jumeaux bien-aimés. Ne te moque pas de cette assimilation car pour moi ton livre est aussi vivant que toi-même et aussi immortel que ton âme, car il est écrit en langue divine et sera lu par les âmes de toute éternité.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 111
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

Notes

[1« Je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie », dit sœur Anne dans Barbe-Bleue.

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