Guernesey, 20 mars 1861, mercredi, 8 h. du matin
Bonjour, mon cher bien aimé, bonjour, toi, bonjour, vous, bonjour si vous me souriez et si vous avez passé une bonne nuit et si vous persistez dans votre reverdissement d’hier. Autrement, BONSOIR, je mets mon bonnet de tristesse et je ne rirai plus jamais.
Cher adoré, c’est bien vrai que ce ne sont que les nerfs qui sont pris chez toi. S’il en était autrement, tu n’aurais pas tour à tour ce tout à fait bien et ce presque pire qui nous réjouit et nous afflige, selon que le vent souffle. Aussi, mon cher petit homme, je suis convaincue que le voyage te guérira comme avec la main et en très peu de temps. Il faut donc se hâter de faire nos préparatifs pour saisir au passage le premier beau jour qui le produira.
Pour cela, il faut que toi et Monsieur Charles, vous vous pressiez de m’envoyer vos zardes pour que je les emballe le plus tôt possible. Il faudra en outre acheter ton sac au manuscrit aujourd’hui même [1]. Nous irons ensemble et j’achèverai mes petites emplettesa en même temps. Mon Victor béni, je t’aime, je t’aime, je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 78
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette
[Blewer]
a) « emplètes ».