Guernesey, 21 février 1861, jeudi matin, 9 h.
Bonjour, mon doux adoré, bonjour, mon bien-aimé, bien attendu, bien désiré petit homme, bonjour et comment vas-tu ce matin ? J’espère que rien ne sera venu à la traverse de ton sommeil et que tu vas tout à fait bien ce matin ? Je l’espère, mon doux adoré, et je m’en fais une joie et une fête d’avance car ta santé, c’est le soleil de mon âme et le bonheur de mon cœur. Dans cette pensée, je te prépare un bon petit diner bien simple et bien sain pour ce soir. Je voudrais t’infuser la santé par tous les pores et par tous les moyens y compris ma propre vie qui est déjà à toi. Quel bonheur pour moi le jour où tu ne souffriras plus et où tu jetteras aux orties toutes les drogues, les liniments, les pilules voire même la fameuse brosse étrille, panacée équivoque et négative. En attendant, moi je t’aime sans broncher et prête à tout pour te guérir. Il faudra bien pourtant que ton mal finisse par rendre gorge d’une façon ou de l’autre quand je devrais l’extirper de force avec un long baiser bien affilé.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 52
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette