Paris, 28 mars 1882, mardi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, puisque nous avons passé tous les deux une bonne nuit, c’est le cas, plus que jamais, de nous aimer et d’être heureux. C’est ce que je fais pour ma part et avant toute chose, comme tu vois, en commençant par ma profession de foi quotidienne : je t’adore ! D’autre part je vais lire les journaux pour voir ce qu’ils disent du souper du Grand Hôtel d’avant-hier [1]. Et à ce propos je te prierai de m’écrire un petit mot sur le petit document culinaire de cette mémorable nuit. Tu sais que tu as séance publique à deux heures au Sénat aujourd’hui. Il fait un temps suffisamment beau pour que tu y ailles, ne fût-cea que comme promenade, car je ne crois pas qu’il y ait rien à l’ordre du jour de bien palpitant. J’ignore si le ménage Lockroy dîne ce soir avec nous ; mais, dans le doute, je viens d’envoyer dire aux Lesclide de venir ce soir afin de n’être pas tout à fait seuls avec Oscar Comettant, le seul invité jusqu’à présent. Je pense avoir bien fait jusqu’à preuve du contraire. Je te souris, je te bénis, je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 39
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « fusse ».