Guernesey, 12 mars [18]63, jeudi après-midi, 2 h.
Je vous surveille, je ne te dis que ça, mais je te le dis, maintenant garde à vous et tremblez car les vieilles jalousies sont encore plus terribles que les jeunes. Toto, Toto, Toto toiiii, méfiez-vous de la PAYSE. C’est aujourd’hui la mi-carême, à ce qu’il paraît, de plus c’est le jour consacré au CIDRE à Hauteville House [1], il me semble difficile de faire travailler ce soir Madame Julie [2] ? Mais ceci est une affaire entre toi et elle et dont je n’ai pas à me mêler, pourvu que je te voie le plus de temps possible, je M’IMPORTE PEU du reste… du moins je tâche de le croire, quoique ce soit précisément LE RESTE qui ne me soit pas indifférent. À propos d’indifférence, toujours même silence de ma cousine, je commence à croire qu’elle n’a pas reçu ma lettre parce qu’il n’est pas dans ses habitudes de manquer de déférence et d’empressement avec moi. Si je n’ai pas de réponse samedi j’écrirai pour savoir à quoi m’en tenir sur l’incident, jusque là je suspends mon jugement et je t’aime affirmativement de tout mon cœur.
J.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 67
Transcription de Chantal Brière