Paris, 20 juin [18]79, vendredi matin, 8 h.
Puisque tu as passé une assez bonne nuit, mon grand bien-aimé, c’est le cas pour moi d’en être réconfortée et un peu regaillardiea malgré la tristesse de la matinée et les soucis que je vois poindre à mon horizon maussade. Mais parlons d’autre chose, surtout de celles qui peuvent t’intéresser. Je me suis assurée à nouveau que le livre de ou sur Théophile Gautier [1] qu’on affirme t’avoir envoyé ces jours-ci n’est pas chez toi et n’y a jamais été, on est complètementb dans l’erreur et tu en auras la preuve prochainement très probablement. Je t’ai mis de côté tous les National, toutes les France, tous les Événements, tous les Charivari et tous les journaux illustrés depuis huit jours ainsi que toutes les lettres.
À ce propos Mme Edmond Adam m’écrit que Bonnat ne pourra pas venir demain mais il me semble que ce n’est pas une raison pour qu’elle ne vienne pas ainsi que Girardin quitte à recommencer avec Bonnat tous ensemble un autre jour. Qu’en penses-tu ? Moi je pense et je sens que je t’aime trop ce qui finit de m’abrutir tout à fait.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 157
Transcription de Chantal Brière
a) « regaillardit ».
b) « comptement ».