12 juin 1879

Paris, 12 juin [18]79, jeudi matin, 9 h.

Cher bien-aimé, j’aurais été doublement heureuse de t’avoir vu tout à l’heure si ce n’avait pas été aux dépens^a de ta nuit mais j’espère que tu vas la compléter par un bon petit somme de rabiot ce matin. Legouvé vient de t’écrire une bonne petite lettre pour te remercier de vouloir bien venir tantôt à l’Académie tout en te priant de ne pas te déranger pour lui de tes habitudes et de ton travail si précieux et si glorieux. Mais au fond de son scrupule je crois qu’il sera très heureux que tu lui donnes cette marque de sympathie devant tous ses confrères académiques. Je ne sais pas si tu auras le temps de passer en revue toutes les lettres venues depuis hier mais je n’en vois pas de spécialement pressées. Ce qui presse c’est ma réponse à la lettre de M^me Edmond Adam. Il faut absolument que nous lui indiquions un jour ainsi qu’à Émile de Girardin. L’important est de ne pas le faire rencontrer^b avec Schœlcher qui vient samedi. Je crois que le mardi ou le vendredi de l’autre semaine seront deux jours possibles pour eux. Nous en parlerons tantôt. D’ici là, mon grand petit homme, je tâche d’oublier ma pauvre patte pour ne penser qu’à toi et je m’efforce de faire de ma laide grimace mon plus beau sourire pour toi.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF, 16400, f. 150
Transcription de Chantal Brière

a) « au dépend ».
b) « recontrer ».