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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 26 novembre [18]64, samedi matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon grand adoré, bonjour. Ton balcon est encore vide et désert mais j’espère que loin d’être un signe de mauvaise nuit, c’est au contraire l’indice d’un bon grand somme réparateur de l’insomnie d’hier, si j’en juge d’après moi qui ai dormi comme une marmotte jusqu’à ce matin.
Il y a aujourd’hui un mois que nous sommes revenus dans notre cher petit Guernesey. Cette saison n’est pas seulement celle des coquins du [rêve ?] elle est aussi celle des REVENANTS. Il y a un mois c’étaita nous, hier c’était ta femme, dans quelques jours ce sera ton fils Victor et qui sait si le bon Charles, lui-même, ne subira pas la loi d’attraction qui nous ramène tous avec joie dans cet Eden de la mer. Je le désire et je l’espère pour toi, pour sa mère, pour lui, pour nous, pour tous ceux qui aiment et qui admirent ton grand cœur et tousb les dons prodigieux dont il est doué. Grâce à la bonté charmante de ta femme mes jours sont respectés et je pourrai te donner à dîner ce soir c’est-à-dire être heureuse toute la soirée. Ce procédé délicat ne m’étonne pas de sa part mais mon cœur en est profondément ému. Je ne l’en remercie donc pas mais je l’aime comme elle mérite d’être aimée. Quelle tempête cette nuit et quelle bonne chance a eu ta femme de ne pas retarder son passage de mer. Sans cela elle pouvait être clouée à Saint-Malo ou à Jersey pendant plusieurs jours. J’espère que ton fils aura la même chance. En attendant c’est aujourd’hui qu’il festivalise chez Bérardi. Que le veau et la salade belges lui soient légers et qu’il nous reviennec bien vite sain (sans T) de corps, de cœur et d’esprit. Voilà ce que je lui souhaite. Le RESTE le regarde.
Cher, cher, cher bien-aimé, je te souris, je t’adore.

J.

BnF Mss, NAF 16385, f. 247
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « c’étaient nous ».
b) « toutes les dons ».
c) « il nous reviennent ».

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