1er juin 1879

Paris, 1^er juin [18]79, dimanche matin, 7 h.
« et toujours de la pluie »

Cette épigraphe clichée est toujours à l’ordre du jour du baromètre, comme mon invariable amour l’est au fond de mon cœur, et aussi embêtant pour toi l’un que l’autre, probablement, ce qui ne m’empêche pas de persévérer, au contraire.
Cher bien-aimé, je t’adore comme je respire car tu es la vie de ma vie. J’espère que tu auras eu une bonne nuit malgré la tourmente qu’il y a eu et qui n’a pas encore cessé^a. Moi j’ai été très agitée, ce qui ne m’empêche pas d’aller très bien ce matin. J’attends le lever de Mariette pour savoir si tu as mieux dormi que moi. À en juger par le redoublement de tempête de ce moment même je crains que nous ne puissions pas mettre un pied dehors aujourd’hui. Aussi tu feras bien d’en profiter pour répondre aux lettres les plus pressées. Je te dis cela à mon cœur défendant mais par devoir, scrupule et conscience.
Cher adoré, tu ne sauras jamais combien et comment je t’aime, je t’admire, je te vénère et je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 138
Transcription de Chantal Brière

a) « cessée ».