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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 19 décembre 1858, dimanche matin, 9 h. ½

Bonjour, mon doux bien-aimé, bonjour. As-tu bien dormi cette nuit, mon cher petit homme ? Tu as dû te coucher assez tard et tu t’étais assez fatigué dans la journée pour avoir droit à une bonne nuit. J’espère que tu auras eu l’esprit de profiter de cette bonne occasion pour dormir comme un loir et pour n’être pas encore réveillé ce matin malgré le soleil qui entre à plein colliera chez toi. Je t’attends cependant avec l’impatience d’une femme qui ne t’a pas assez vu hier et avec la curiosité de savoir comment s’est passé le reste de ta fête et surtout si tu as été content de la musique de ta fille. Quoi que tu en dises tu es plus apte à juger de son mérite que n’importe quelle ou n’importe qui plus ou moins ferrés de notes et nourris de doubles croches. En attendant, tu es sûr du bonheur que tu as fait à ce brave docteur [1]. Tu l’aurais rendu heureux à meilleur marché mais ce qui abonde ne vicie pas et le bon docteur en profite pour rester au septième ciel avec son livre, heureux d’avoir à lui l’éternité pour le feuilleter, pour le lire, pour le regarder et pour l’admirer des yeux, de l’esprit, du cœur et de l’âme. C’est déjà une grande joie pour toi-même que de voir un excellent être aussi complètement et aussi parfaitement comblé et heureux que l’est ce brave homme du splendide cadeau que tu lui as fait, que VOUS lui avez fait, que NOUS lui avons fait car je tiens à honneur d’y avoir contribué pour ma part et en souvenir de la reconnaissance que je lui dois pour les soins de père et de frère qu’il t’a donnés et pour la pitié qu’il a eue de moi quand je ne pouvais plus te voir, en m’apportant tous les jours de tes chères nouvelles.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 352
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « colier ».

Notes

[1Hugo note dans son agenda à la date du 18 : « j’ai envoyé ce matin au docteur Terrier mes ouvrages reliés en un volume. Il a remercié au dessert en termes profondément pénétrés ». (CFL, t. X, Agendas, p. 1462). Il note dans cette lettre : « Je vous donne ce livre comme à l’un des hommes que j’aime et que j’estime le plus au monde. » (CFL, t. X, p. 1294).

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