17 juillet [1837], lundi après-midi, 1 h. ¼
Vive Toto ! Vive Toto ! Vive Toto ! Vous voyez bien que c’est très gentil de venir déjeuner avec sa Juju ! Pourquoi ne venez-vous pas plus souvent, vieille bête ? Ça vaudrait bien mieux que de vous moquer de moi comme vous faites. Cher petit homme, j’espère que notre bonne petite Dédé est tout à fait hors d’affaire à présent [1] et qu’elle va commencer à demander son petit coute de pain [2]. C’est alors que vous pourrez faire votre petite caisse d’épargne pour notre voyage. Moi debout je ferai tout mon possible pour économiser afina d’apporter mon petit contingent à cette petite tontine [3] d’amour. Jour mon petit homme. Je ne sais pas si c’est parce que je ne me suis pas fait frictionnerb ce matin, mais j’ai un petit redoublement de bobo à mes reins. Il fait pourtant bien beau aujourd’hui, quel dommage que l’expérience de l’acier fusible ne nous appelle pas à Bougival [4], je m’en serais donné une fameuse bosse [5] de Bougival, on aurait été obligé de me rapporter sur une civière. Malheureusement, mon paysage se borne au pot de chiendent de ma croisée, et ma rivière à ma carafec vide, et mon gibier à un méchant Toto. [LÀPEINT [6] ?] c’est pas beaucoup amusant. Cependant je n’ai pas le droit de crier très haut aujourd’hui : QUEL MALHEUR ! Après ce qui s’est passé ce matin, j’ai le droit de rien du tout, sinon de crier : j’aime Toto, vive Toto. Après quoi vous me décorerez de votre croix, que j’aurai bien méritée [7]. Je vous aime mon Toto.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16331, f. 61-62
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein
a) « à fin ».
b) « faite frictionnée ».
c) « caraffe ».