12 février 1879

Paris, 12 février [18]79, mercredi matin, 8 h.

Toujours la même nuit, mon pauvre grand bien-aimé, mi partie sommeil et insomnie, il serait peut-être possible de remédier^a à cela en changeant tes habitudes de travail et de [repos ? repas ?], en te désheurant complètement au moins pendant quelque temps. Mais je crains bien que tu n’en fasses^b rien tant tu es insoucieux de toi-même ; aussi, ce que je t’en dis n’est que pour l’acquis de ma conscience qui se préoccupe^c sans cesse de ta santé, de ton bien-être et de ta conservation si précieuse et si chère pour le monde entier et pour moi en particulier dont tu es la vie même. Gustave Rivet m’a écrit une lettre qui donne quelque espérance pour le pauvre Lesclide et qui montre bien sa bonne volonté et son désir de lui être utile. Je l’en ai remercié séance tenante en ton nom et au mien et je vais envoyer la lettre à lire à Lesclide pour lui redonner un peu de confiance et de courage.
Il paraît que notre cher aimé Paul Meurice est de moitié dans l’affaire [1], ce qui me donne bon espoir pour l’heureuse solution que nous cherchons depuis longtemps. Je te souris, je t’adore, je te bénis.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 45
Transcription de Chantal Brière

a) Juliette écrit par erreur « remercier ».
b) « fasse ».
c) « préocupe ».