Guernesey, 25 mars 1858, jeudi soir, 7 h.
Je me réchauffe en t’aimant, mon bien-aimé, car jusqu’à présent je n’ai pas encore eu une étincelle de feu chez moi. Tout à l’heure dès que j’aurais cessé de frotter l’une contre l’autre mon âme à mon cœur j’allumerai un feu sterling dans ma cheminée. Dieu j’entends quelqu’un, je ne sais pas qui.
Vendredi soir, 8 h.
Je me fais l’effet quand je te gribouille ma restitus de quelqu’un qui voudrait faire tenir l’océan dans un verre. Il ne serait qu’absurde et moi je suis complètement ridicule dans l’effort que je fais pour [illis.] mon amour dans un si petit espace. Cependant, je recommence tous les jours cette tentative insensée avec une constance digne d’une meilleure plume. Et puis je t’aime, et puis je t’aime, et puis je t’aime. À tout à l’heure mon bien-aimé.
BnF, Mss, NAF 16379, f. 67
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette