Guernesey, 13 sept[embre 18]78, vendredi matin, 6 h.
J’espère, mon grand bien-aimé, que tu as bien dormi toute la nuit et que tu es DE CHARME [1] ce matin comme tu l’étais hier à la grande joie de mon cœur et de mon âme qui te souriaient et te bénissaient. À part un peu de brume ce matin, le temps est très beau et très bon et sera très favorable, je l’espère, à la traversée de Paul de Saint-Victor et sa fille, de Granville ici. À ce propos, je crois que tu feras bien, comme tu le disais hier soir, de voir la mère Pengalley [2], pour qu’elle reçoive de son mieux tous les chers et aimables hôtes que tu attends [3]. Il faut que ton hospitalité ici ne soit pas inférieure à celle si large et si somptueuse que tu as à Paris. Je me permets, en qualité de mouche de ton coche, de te bourdonner aux oreilles toutes ces oiseuses recommandations dont tu n’as que faire, si ce n’est comme un témoignage de ma sollicitude pour tout ce qui te touche et comme une preuve de mon éternelle adoration. Sois béni.
Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House
Syracuse
Transcription Gérard Pouchain
[Barnett, Pouchain]