Paris, 2 juillet [18]78, mardi soir, 7 h.
Cher grand bien-aimé, j’attendais pour reprendre la douce habitude de t’écrire que toi-même tu sentes le besoin de me lire. Car autant j’ai de bonheur à épancher jour à jour le trop-plein de mon cœur dans le tien autant il me serait odieux de te l’imposer. Tu viens d’être un peu souffrant par suite de la fulgurante et sublime campagne que tu viens de faire en politique et en littérature [1]. Heureusement cette fatigue n’est que passagère et reviendra de la santé pleine et entière par quelque temps de repos passé dans ce bon et doux Guernesey trop longtemps délaissé par nous. Le plus tôt que nous pourrons y revenir sera le mieux pour toi, d’abord, pour tes adorables petits-enfants et pour moi, ta pauvre vieille amie. Aussi je m’associe de cœur et d’âme à ceux qui te prienta de faire un petit voyage dans ce pays qui fut le nôtre pendant près de vingt ans. J’ai fait descendre nos malles de la soupente pour les faire faire demain afin de pouvoir partir jeudi si c’est possible. En attendant, mon cher bien-aimé, je te souris et je te bénis.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 172
Transcription de Chantal Brière
[Souchon, Massin]
a) « prie ».