Paris, 17 juin [18]78, lundi matin, 8 h. ½
Cher bien-aimé, j’ai déjà le cœur tout en fête de la pensée d’entendre ta grande et divine parole [1] et j’ai aussi d’avance dans les oreilles l’assourdissement des acclamations et des bravos de la foule et des auditeurs qui auront aujourd’hui le bonheur de te voir et de t’écouter. Je regrette de ne pouvoir pas assister au banquet de ce soir, non pour le veau continental et le bœuf international, mais pour le plaisir de mes yeux et la joie de mon cœur habitués à n’admirer que toi et à ne battre que pour toi. Cette soirée solitaire sera d’autant plus terne pour moi que la journée aura été plus lumineuse de ton rayonnement et de ton triomphe. Mais, triste ou gaie, de près ou de loin, je t’adore immuablement.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 160
Transcription de Chantal Brière