Paris, 12 juin [18]78, mercredi midi
Cher bien-aimé, je te remercie de m’offrir de sortir aujourd’hui à ton heure si le temps le permet. Je ne demande pas mieux et ce sera ma joie. Quant à prendre l’initiative de cette sortie et de cette heure je ne peux ni ne veux la prendre dans la crainte qu’elle ne tombe importunément au milieu de ton inspiration et de ton travail. Je trouve plus simple et plus juste de t’en laisser le choix. Toi seul connaît les exigencesa de ta pensée et toi seul peux apprécier la somme de santé et de bonheur que tu dois, que tu veux me donner. Aussi, mon cher grand bien-aimé, j’attendrai patiemment le moment où de toi-même tu lèveras l’écrou de ma prison volontaire. Heureuse si c’est tous les jours, résignée si les obstacles trop souvent renouvelésb s’y opposent. Cela dit, mon Grand Petit homme, je te souris et je te bénis.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 155
Transcription de Chantal Brière
a) « exigeances ».
b) « renouvellés ».