Paris, 12 mai [18]78, dimanche matin, 10 h. ½
Il fait un temps à souhait pour sortir aujourd’hui, mon cher grand petit homme, mais je doute que nous puissions trouver une voiture, ne fût-cea que pour nous faire faire notre petit tour de promenade tantôt. Je le regrette car l’occasion d’être heureuse ne se présente pas assez souvent pour moi pour que je voie fuir celle-ci sans tristesse. mais puisque nous n’y pouvons rien je m’y résigne tant bien que mal. Je t’ai envoyé la lettre de Paul Meurice et le journal du quidam malfaisant qui y collabore. Je suis très contente qu’il en soit pour son béjaune à présent comme devant. Il n’y a que le pauvre chocolatier que je plains dans tout ça, heureusement qu’il lui reste encore assez de millions, qui ne blanchirontb pas en vieillissant, pour le consoler de la déveine littéraire et patriotique [1]. Le portrait de Mme Chenay a dû te faire plaisir à regarder car il est d’une ressemblance très aimable. D’après sa lettre, très aimable aussi, elle paraît compter sur nous pour cet été [2]. Puisse son espérance, qui est aussi un peu la mienne, n’être pas déçue cette fois. En attendant je te souris et je t’aime avec tout mon cœur et avec toute mon âme.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 124
Transcription de Chantal Brière
a) « fusse ».
b) « blanchirons ».