4 août 1847

4 août [1847], mercredi soir, 5 h.

Cher adoré, je suis folle et enragée du mal de tête mais je t’aime. Depuis ce matin je suis en proie aux visiteuses, ce qui m’a empêchée de t’écrire chaque fois que je prenais la plume pour cela. J’ai pris un bain en me levant dans lequel je suis restée très peu de temps. Je ne peux pas lui attribuer mon mal de tête parce que je l’avais en me levant presqu’aussi fort que maintenant. M^me Guérard que j’ai vue quand on m’apportait ta papeterie m’a demandé un échantillon de ton beau papier pour savoir si on peut le payer meilleur marché toujours par la voie de ce même M. Cacheux. Je lui en ai donné une dernière feuille et puis nous verrons ce qu’on en dira. J’ai vu encore M^me Triger puis ma blanchisseuse, enfin tous les triquemaques particuliers au mercredi. Ce n’est pas pour cela, je te prie de le croire, que je suis restée chez moi. Très sérieusement j’aurais craint d’aller au soleil avec la douleur de tête suraiguë que j’ai eue^a aujourd’hui toute la journée. De ce moment-ci elle paraît vouloir s’apaiser^b un peu mais je n’ose m’y fier car j’ai les mains toujours bien brûlantes, ce qui est un mauvais signe. Je ne t’occupe que de moi et de mon mal comme si c’était bien agréable à dire et à écouter, mais je n’ai pas autre chose dans la tête que mon mal et je n’ai dans le cœur que le désir de te voir bientôt.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 174-175
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « eu ».
b) « s’appaiser ».