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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 10 juillet 1856, jeudi après-midi, 4 h. ¾

Cher petit homme, vous devriez joutera avec moi à qui sera le plus tôt arrivé, de vous ou de la restitus. Et puis, est-ce que vous ne prenez pas de bain aujourd’hui ? C’est qu’il est déjà bien tard. Quant à moi, je suis archi prête depuis deux minutes et demie. Aussi, je me donne des airs d’une DÂME qui n’a rien à faire après avoir fait la DÔMESTIQUE toute la sainte journée. À propos, mon charpentier est venu me demander comment il me convenait d’avoir mes fenêtres. Cette attention délicate a eu pour résultat de me les conseiller autrement que je ne les aurais désirées, c’est-à-dire ouvrant en dehors. Mais comme il prétend qu’en ouvrant en dedans je serai habituellement inondée d’eau et coupée par le vent « car la maison est terriblement exposée », j’ai dû me conformer à son expérience et non à mon goût. Du reste, le brave propriétaire continueb d’être très obligeant jusqu’à présent pour nous. Quant à sa mère, je tâcherai de ne pas avoir souvent affaire à elle car elle n’est rien moins que désintéressée. Baisez-moi, vous, au lieu de me laisser gribouiller toutes ces billevesées. Je vous attends, je vous désire et je vous aime.

Juliette

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 192
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette

a) « joûter ».
b) « continu ».

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