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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 28 août [18]77, mardi soir, 1 h. ¼

Il n’y a pas de raison, mon infatigable piocheur, pour que tu t’arrêtes sous prétexte de nous faire déjeuner. Ce que voyant, je prends le parti, au lieu de mâcher à vide, de croquer ma restitus en guise de marmot [1]. Plus facile à dire qu’à faire, d’ailleurs depuis bientôt quarante-cinq ans que je te rabâche la même chose, tu dois en être saturé jusqu’aux os pendant que moi j’en suis encore à la première émotion de ton premier baiser. C’est ce qui fait que je ne me lasse pas, que je ne me lasserai jamais, de t’aimer et de te le dire, tant pis si cela t’ennuie, mais je n’y peu pas que faire [2]. Je n’ai pas pensé ce matin à te dire que Lesclide m’avait écrit pour me dire son chagrin d’être encore retenu à la campagne jusqu’à samedi prochain, ce dont je le plains peu, entre nous soit dit. Ce soir nous serons douze à table mais il n’y a encore aucune invitation pour demain mercredi. Cela dit, je te jette le mot de la faim : je voudrais te dévorer.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 234
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1« Croquer le marmot » = attendre.

[2Contamination sans doute entendue de plusieurs expressions : « je n’y peux rien », « il n’y a rien à faire »…

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