Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Octobre > 12

12 octobre [1838], vendredi, midi ½

Je vous trouve beaucoup trop scrupuleux à l’endroit de ma santé, mon cher petit homme, ce qui m’est très suspect. Je vous préviens que vous n’ayez pas dorénavant de ces manières là avec moi parce qu’alors je croirai tout le mal possible et que j’agirai en conséquence.
Bonjour mon petit bien-aimé. Vous avez eu un bien joli moment hier en m’intimant d’aller à la première représentation de Ruy Blas dans mon costume de grande route. Vous étiez bien i et bien éloquent. Malheureusement j’étais affligée, dans ce moment là, d’une surdité qui a beaucoup paralysé votre beau dithyrambe, j’en suis fâchée. Pour cette fois donc, et pour toutes les autres, je veux me mettre dans mes plus beaux atours, prenez-en votre parti. Jour papa. Jour mon petit o. Il fait moins beau aujourd’hui, c’est bien dommage que vous ne puissiez pas me mener essayer ma robe, cela m’aurait promenée un peu et m’aurait fait beaucoup de bien à mes bobos, mais enfin vous ne le pouvez pas, aussi je me résigne. Venez me baiser aussi fort et aussi bien que si j’étais revêtue du grand costume. Voici la saison de le mettre. Je vais le faire faire promptement.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 37-38
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette


12 octobre [1838], vendredi soir, 6 h. ½

Vous m’avez bien l’air, mon Toto, d’être à Boulogne [1] ce soir ? Si j’osais je serais grognon mais je me retiensa. Je veux au contraire être très aimable. Guérard la modiste est venue derrière toi savoir pourquoi je n’allais pas essayer ma robe. Tiens, te voilà ! pauvre ange. Vous n’avez paru qu’un moment et encore vous étiez contrarié et préoccupéb de la perte de votre clef. Me voilà RESEULE comme devant avec un petit conte de bonheur en plus. Je voudrais bien que vous n’ayez pas d’inspiration ce soir et que vous veniez prosaïquement dîner et coucher avec moi. Voilà le vœu que forme votre vieille Juju en vous demandant pardon de la liberté grande. Vous avez été bien bon et bien doux tout à l’heure, mon Toto, à l’endroit de mon bonnet. Je vous en sais d’autant plus de gré que j’avais très peur que vous n’accueilliezc pas ce petit accès de coquetterie avec indulgence. Pauvre adoré tu es toujours si bon et c’est toujours si doux de le dire que tu fais bien de m’en donner l’occasion tous les jours à la condition que je n’en abuserai pas. Pauvre Toto c’est à présent qu’il faut avoir peur des VOLEUSES et faire changer ta clef. Je te le conseille sérieusement ça ne peut pas coûter grand chose en sus de la clef et c’est plus prudent. Soir Toto, je t’adore, papa est i.

Juliette

Collection particulière / MLM / Paris, 71949
Transcription de Gérard Pouchain

a) « retient ».
b) « préocupé ».
c) « acceuillez ».

Notes

[1Hugo a installé sa femme et ses enfants à l’entrée de la Grande-Rue de Boulogne depuis le 17 août.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne