Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1839 > Janvier > 24

24a janvier [1839], jeudi matin, 10 h. ¾

Bonjour, chère âme de mon âme, bonjour, bien-aimé, comment vas-tu ? J’attends que ton travail soit terminé pour me réjouir dans mon amour. D’ici là, tu permets que je sois triste à mon aise, n’est-ce pas ? J’ai envoyé la bonne ce matin chez Mme Pierceau et chez Mme Krafft. Le petit garçon va mieux ce matin mais Mme Krafft ne quitte pas le lit depuis dix jours : c’est encore de cette vilaine maladie de l’année passée. Heureusement, mon pauvre bien-aimé adoré, que tu te portes bien. Je deviendrais folle de chagrin si tu étais jamais malade et cependant c’est un miracle que ta santé se conserve malgré les excès de travail auxquelsb tu te livres tous les jours et toutes les nuits. Je prie Dieu nuit et jour pour qu’il te préserve de tout mal car je sens que je ne pourrais pas en supporter l’inquiétude. Donnez-moi votre petite main et votre grand front que je le baise. Vous êtes mon Toto adoré. J’attends avec confiance, sinon avec patience, que tu sois arrivé à un RELAISc, ma petite bête de somme, pour me reposer avec toi, reprendre haleine et manger un petit picotin d’avoine à nos santés. En attendant je ronge mon frein et je mâche à vide un bonheur qui ne vient pas.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 89-90
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « 23 ».
b) « auquels »
c) « RELAI ».


24 janvier [1839], jeudi soir, 5 h. ½

Je ne vous ai vu qu’une minute, ce matin, mon Toto, et vous avez eu le temps d’être bête, méchant, soupçonneux et froid. Je vous pardonnerais de bon cœur si vous reveniez tout de suite, mais vous me laissez des heures, des jours, des soirs sans revenir et c’est en cela que vous êtes féroce. J’ai bien mal à la tête, ce soir. Vous seriez bien gentil de me mener à Ruy Blas ce soir mais un peu auparavant le dernier acte. Je suis sûre que cela me guérirait, mais je suis encore plus sûre que vous ne m’y mènerez pas. Je t’aime, mon Toto chéri. Je t’adore mais tu me fais trop languir après un moment de bonheur. Tout ce que je te demande est impossible, cependant je ne suis pas très exigeante quoique je t’aime de toute mon âme. J’ai la pratique des petites Besancenot à présent : c’est aussi amusant que le drame du perroquet et du crapaud [1] et aussi naïf. Enfin ça vaut mieux que rien. Je vous aime, mon Toto, je le crie dans le désert mais je vous aime bien de tout mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 91-92
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

Notes

[1À élucider.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne