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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 septembre [1838], mercredi midi

Mon petit homme chéri, je vous aime. Aimez-moi autant et je ne désire rien de plus. Je vous adore, je vous suis fidèle. Tâchez de m’imiter encore sur ce point-là. Vous avez oublié de me donner mon laissez-passer mais je vous préviens que si j’étais très tourmentée, ce ne serait pas un obstacle pour moi. Du reste vous êtes parfaitement injuste et absurde quand vous me demandez l’emploi de ma journée. Je ne fais rien mais je n’ai pas une minute à moi. Je ne gagne pas d’argent mais je travaille sans interruption, je m’occupe sans cesse de vous. Je vous aime, je vous écris et je fais votre tisanea. J’ai bien mal à la tête aujourd’hui, le café noir n’a pas fait son effet. Et puis je prends trop peu d’exercice, c’est pas votre faute mais c’est vrai. Jour Toto. Papa est bien i, je l’aime. Je prendrai mes REVANCHES CE SOIR. J’étais un peu patraque ces jours-ci mais je sens que je remonte. Soir ma BÊTE. J’aime Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 263-264
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « tisanne ».


26 septembre [1838], mercredi soir, 7 h. ½

Mon cher petit bien-aimé, je suis souffrante mais pas triste, j’ai mal à la tête mais pas d’humeur, je suis bête mais je t’aime. J’ai beaucoup de choses à faire ce soir fort ennuyeusesa : vérifier le compte de Jourdain, à lire le mélodrame de M. T. Il y a de quoi faire renâcler la plus robuste et la plus courageuse des femelles. Enfin, je tâcherai d’en venir à bout. Pour cela je vais avaler une tasse de café noir mais j’aimerais mieux te donner le bras et marchotter avec toi sur le boulevard, bras dessus, bras dessous, en nous aimant de toutes nos âmes. Voici qu’on m’apporte une lettre. Je connais l’écriture et cependant je ne sais pas de qui. J’attendrai votre arrivée pour en faire l’OUVERTURE. J’ai bien mal à la tête, j’ai bien mal à la tête. J’ai besoin du GRAND REMÈDE, mon cher petit docteur, pharmacie et autre. Venez me l’administrer tout de suite. J’y consens et même je le désire. En attendant je vous aime, je vous garde mon cœur et votre dîner. Tâchez de ne pas les laisser refroidir ni l’un ni l’autre.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 265-266
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « ennuieuses ».
b) « marchotter ».

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