26 novembre 1857

Guernesey, 26 novembre 1857, jeudi soir, 8 h.

La voici donc enfin pendue cette fameuse crémaillère et déjà presque enterrée, Dieu merci ! Je n’en suis pas fâchée, vraiment, car, de guignon en guignon, de retard en retard, je commençais à croire qu’elle ne serait jamais pendue, ce qui aurait été assez piteux^a pour la tradition et quelque peu grotesque pour moi. Maintenant me voici tranquille, mon cher bien-aimé, et bien contente de me mettre tout entière à ta disposition pour copire. Dès que tu le voudras je suis prête à partir de ce soir. Moins tu me feras attendre et plus tôt tu me rendras heureuse. D’ici là, je vais me faire de la patience en t’aimant d’arrache cœur du matin au soir. Mais je m’aperçois que j’ai pris beaucoup trop du galon de la restitus, ce qui n’est pas de jeu. Heureusement qu’il est probable que vous allez tomber au beau milieu, ce qui lui donnera le coup de pouce tout de suite. Sans compter qu’il pleut et que nous ne pourrons pas faire l’hygiénique passus mille, ce dont j’ai grand regret pour toi, mon pauvre bien-aimé, dont c’est la santé. Encore si j’avais allumé du feu mais, pensant sortir avec toi et te sachant de Duverdier ce soir, je n’en ai^b pas allumé ! Il est vrai qu’il est très facile d’en faire si tu en désires. En attendant il n’y en a que dans mon cœur, du FEU, ce qui n’est peut-être pas assez pour vous dégeler mais ce qui me brûle jusqu’à l’âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 212-213
Transcription de Chantal Brière

a) « piteu ».
b) « n’ai ».