4 février 1857

Guernesey, 4 février 1857, mercredi soir, 5 h. ½

Il me reste un moment d’ici à l’arrivée de mes dîneurs, mon cher adoré, et j’en profite pour te dire la préoccupation^a de toute ma journée : je t’aime, je t’aime, je t’aime. J’espère que ce brave Cahaigne ne sera pas trop ennuyeux^b et M^me Florence trop séduisante et que nous pourrons tenir notre cher petit bonheur du mercredi en équilibre entre ces deux écueils. En attendant je suis bien contente de la bonne volonté si aimable de ton bon gros Charlot. Je suis si touchée de cette marque d’estime et de sympathie que je regrette de ne pouvoir pas le lui dire à lui-même. Cependant comme il faut que ce généreux cœur sache combien je suis sensible à son gracieux procédé je te prierai de me laisser lui envoyer mon petit buveur d’opium [1]. Du reste en dehors de cette précieuse petite statuette, je n’ai rien qui puisse lui être offert d’aussi bien approprié pour sa chambre d’artiste et de garçon. Quant à vous je vous donnerai tout ce que vous voudrez et mon cœur par-dessus le marché en GUISE DE RÉJOUISSANCE.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 29
Transcription de Chantal Brière

a) « péocupation ».
b) « ennuieux ».