Paris, 30 décembre [18]73, mardi matin, 11 h.
J’en veux presque au soleil de faire à cette horrible année qui finit les honneurs de ses plus beaux rayons. Quant à moi, je la répudie et je la déteste pour tout le mal qu’elle nous a fait à toi et à moi. Puisse son influence maudite s’en aller avec elle et ne reparaître jamais. En attendant, mon pauvre bien-aimé, sourions à celle qui vient (l’année) pour nous la rendre favorable. La meilleure manière je crois, de nous attirer ses faveurs, c’est de nous y confier et de nous aimer cœur dans cœur et âme dans âme tendrement, honnêtement et pieusement, comme je le fais pour ma part depuis le jour où je me suis donnée à toi. J’espère que toutes tes douleurs et toutes tes tristesses vont enfin s’apaiser et que tu retrouveras le sommeil de tes nuits et la tranquillité de tes jours. Il faut que Petit Georges et Petite Jeanne soient contents et heureux et leur Grand, Grand, Grand Papapa aussi, et avec lui la pauvre vieille Roumet qui vous adore tous.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 362
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette