Paris, 29 octobre [18]73, mercredi matin, 8 h. ½
Mon bien-aimé, sois béni par Dieu comme tu l’es par moi. Je t’adore. Je me hâte de te gribouiller ma chère petite restitus, avant que les tracasseries du ménage, compliquées des allées et venues des Michaëlis [1] de toutes sortes, n’aient commencéa. J’espère que tu penseras à me donner à copier aujourd’hui ? Tu me l’as promis et j’y tiens, car après le bonheur de t’entendre et de vivre à côté de toi, celui de te lire avant tout le monde est le plus grand. J’ai ouvert tes lettres tout à l’heure. L’une contient un projet de biographie sur toi qu’un éditeur t’envoie, une autre du directeur de La Revue des Poètes, et enfin la troisième, en anglais, de Mme Hollis. A défaut d’autre intérêt, ton courrier ce matin a celui d’être léger au point de vue du monde. Cela me fait penser qu’il y aura foule ce soir chez Mme Charles. Tâche de ne pas te mettre en retard, à cause de ton Petit Victor [2] qui désire se coucher tout de suite après le dîner. Je suis chargée de te prier de venir de bonne heure et je m’en acquitte consciencieusement. Cela fait, je reviens à mon tendre rabâchage. Je t’aime, je t’aime, je t’aime à en remplir le ciel et la terre.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 304
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « commencées ».