6 juillet 1873

Guernesey, 6 Juillet [18]73, dimanche, 8 h. du matin

Bonne chance pour moi ce matin, mon bien-aimé, puisque je viens de te voir, et bonne nuit pour toi, je l’espère. J’espère aussi que tu viendras baigner tes yeux tantôt et me dire quels sont tes projets pour aujourd’hui et s’il faut maintenant la location de la grande voiture pour demain même, si tous tes hôtes allaient à Serk comme ils l’ont annoncé hier. Je voudrais savoir aussi combien nous serons à table ce soir car rien n’est plus agaçant que de défaire le couvert quand il a été calculé pour neuf personnes réduites^a à six. Je te demande pardon de t’occuper de ces petits ennuis domestiques mais je suis si fatiguée que tout me devient difficile maintenant. Cependant je ferai force de voile et de rame et surtout d’amour qui me manque moins que jamais pour te satisfaire dans la personne de tes hôtes. Dès à présent j’arbore les insignes d’une grande gaîté : suivez-moi ! Et aime-moi. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 203
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) « réduite ».