Guernesey, 17 août 1859, mercredi matin, 6 h. ½
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour et que toute ma vie soit consacrée à te bénir et à t’aimer comme je t’ai aimé et béni jusqu’à présent. Je te remercie de ta petite table qui a failli me causer beaucoup de chagrin. Ce n’est pas moi, certesa, qui dédaigne la moindre chose venant de toi et je t’en donne la preuve tous les jours en recueillant religieusement et en gardant comme des trésors le plus petit morceau de papier sur lequel tu as laissé un mot le plus souvent illisible. Seulement, je disais en voyant ta table qu’elle ne me paraissait pas suffisamment belle pour ma chambre en dehors du sentiment qui me la rend mille fois plus précieuse que toutes les tables les plus splendides. Ce mistakeb une fois expliqué, je garde ma table, non seulement avec amour à cause de son inscription [1], mais avec le saint respect dû à un joli bric-à-brac. Merci, mon cher bien-aimé, mais une autre fois ne soyez pas si prompt à vous fâcher parce que vous courez risque d’être injuste envers moi et de me faire beaucoup de mal. En attendant je regrette la brusque séparation de ton Charles de notre petit intérieur. J’avais compté le garder jusqu’à l’arrivée de ces dames mais Dieu et sa tante en avaientc décidé autrement ; que leur volonté soit faite, non sans bisque de ma part. Si tu as occasion de le lui dire pour moi, je te serai obligée de le faire et de lui dire combien je l’aime… Quant à toi, mon bien-aimé, je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 187
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
[Blewer]
a) « certe ».
b) « misteck ».
c) « avait ».