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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 janvier [1843], lundi soir, 10 h. ½

Je te demande pardon, mon cher bien-aimé, d’avoir gribouillé quatre grandes pages de billevesées et de rabâcheries sur une chose que tu sais mieux que moi et que je devrais tâcher de te faire oublier, loin de te la rappeler dans des ravauderies qui n’ont ni queue ni tête. Pauvre ange, j’ai cependant bien autre chose à te dire ma foi et que je n’épuiserai jamais, dussé-je y passer ma vie et même l’éternité. Cette chose, c’est mon amour, mon amour qui occupe toutes mes pensées, qui prend tout mon temps et qui est ma joie et le bonheur de mon âme. J’avais aussi à te remercier de cette ravissante nuit de bonheur que tu m’as donnéea. Pour la faire durer plus longtemps je ne me suis endormie que très tard. J’aurais voulu ne pas m’endormir ou ne pas me réveiller du tout pour ne pas te quitter : je t’aime mon cher adoré, tu ne sauras jamais comment ni combien. Tâche de m’en redonner une autre bien vite. C’est bien le moins, puisque mes jours s’écoulent dans la tristesse et dans l’isolement, que mes nuits passent dans l’ivresse et dans le ravissement. N’est-ce pas mon amour que ce ne serait que juste ? Tâche donc de venir bien vite me faire la même surprise adorable qu’hier au soir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 69-70
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « donné ».

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