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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 mai 1838

16 mai [1838], mercredi après midi, 2 h.

Vous aviez bien raison, mon amour, de dire que je me ferais des reproches sur ma conduite de tout à l’heure et que j’en aurais de grands remords. Tout ce que vous avez prédit est arrivé. Je me repensa et je me trouve la plus absurde et la plus méchante femme du monde. Cependant, je t’aime et ma férocité s’augmente de l’excès même de mon amour. Je ne peux pas supporter que tu ne me laissesb pas te servir à genoux. Je regarde comme une injure que tu ne me laissesa pas te choisir les plus grosses asperges et le dessus de la crème quand l’amour est arrivé au point où je l’éprouve, les rôles sont intervertis et c’est la femme qui doit adorerc l’homme, le porter dans ses bras, lui baiser ses petits pieds et lui donner la meilleure becquée. Dorénavant mon cher petit homme bien aimé, vous voudrez bien laisser la maîtresse vous dorloterd comme je l’entends et je vous promets d’être la plus douce et la plus résignée des femmes. En attendant je vous adore. Je baise votre souvenir dans mon âme et je vous désire de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 156-157
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « repends ».
b) « laisse ».
c) « adoré ».
d) « dorlotter ».


16 mai [1838], mercredi soir, 7 h. ¾

Vous travaillez donc bien mon amour que vous oubliez de venir voir votre pauvre Juju qui vous attend avec toute son âme sur les lèvres et dans les yeux. Moi aussi, quoi que bien souffrante, j’ai beaucoup travaillé depuis que vous êtes parti mais je ne vous ai pas oublié, au contraire je vous aimais et je vous désirais de toutes mes forces. Au reste je sais que tu travailles, mon bien-aimé, ce n’est donc pas un reproche, une grognerie que je te fais, mais le regret de ne t’avoir pas vu depuis si longtemps, mais le désir de baiser tout de suite ta belle bouche rose et parfumée. Je trouve qu’il fait bien froid, est-ce parce que je souffre ou bien est-ce un caprice de la température pour me punir d’avoir ôtéa mes tapis ? En attendant j’ai froid aux pieds et la migraine et j’appelle la canicule à grands cris, mais je vous aime Toto mais je vous aime, venez donc très tôt mon Toto et je vous baiserai bien fort pour la peine.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 158-159
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « ôter ».

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