Guernesey, 7 mai 1859, samedi matin, 7 h. du m[atin]
Bonjour, mon doux adoré ; bonjour, ma chère joie ; bonjour, mon bonheur lumineux ; bonjour à plein baiser, à plein cœur, à pleinea âme, bonjour. Que tout ce que tu souhaitesb s’accomplisse et que les ennuis te soient légers. Je t’apprends que ton grand Jean [1] était à l’ouvrage à 7 h. cinq minutes. C’est-à-dire le temps juste de prendre ses outils et de traverser ton jardin. Il travaille en ce moment avec un vrai entrain que je constate pour toi avec quelque plaisir car tu n’as pas souvent lieu de te féliciter de sa conscience et de son activité. Quant à moi, j’ai déjà mis toutes voiles dehors et j’ai sous mon bras mon cher petit manuscrit que je vais copire dès que j’aurai fini mon gribouillis amoureux. Oui, AMOUREUX. Cela vous fait rire mais c’est comme cela et ce sera toujours comme cela jusqu’à mon dernier soupir et au delà si mon âme y arrive. En attendant, riez de mon entêtement si vous l’osez, rira bien qui rira le dernier quand nous nous retrouverons là haut. Sur ce, je vous rebaise encore comme en commençant et je vous aime du tout au tout.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 121
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « plein ».
b) « souhaite ».