Guernesey, 5 avril 1859, mardi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon cher bien-aimé. Bonjour, toi, bonjour, tout. Comment avez-vous passé la nuit, mon cher petit homme ? Moi, je l’ai passéea très bonne et je suis presque sur piedsb ce matin, ce qui n’est pas une petite vaillantise de ma part vu l’état douloureux de mes pauvres pattes. Du reste, je m’en fiche, n’ayant pas besoin de m’en servir aujourd’hui. Cela ne m’empêche pas de vous souhaiter une bonne promenade et beaucoup de plaisir dans votre excursionc en caravane.
Comme je te l’ai déjà dit, mon Victor, je ne veux pas que mes dépenses EXTRAS pèsent sur toi. Tant que j’aurai un liard de ce qui fut mon mobilier, je l’emploierai à satisfaire mes petits besoins personnels. Ainsi, dès aujourd’hui, je porte en accompted reçu, sur ce que tu restese me devoir les 18 [illis.] des deux candélabres. Il en sera de même de mes douze couteaux de table à manches d’argent. Ce n’est que juste d’ailleurs et notre délicatesse est satisfaite à tous les points de vue. Maintenant, taisez-vous, ça vous fait, ça vous regarde. Vous allez pas me BATTE ? Je vous le rendrais et j’amènerais Rrrrrrobert [1]. Sur ce, fichez-moi un baiser c’te air lingue [2].
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 89
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « passé ».
b) « pied ».
c) « excurtion ».
d) « acompte ».
e) « reste ».