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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 janvier [1837], dimanche, midi ½

Bonjour, mon cher petit homme bien aimé, bonjour. Aime-moi. Je t’aime tant moi, qu’il est bien juste que tu m’aimes un peu.
Je suis toujours très souffrante des reins. Il faudra que vous recommenciez votre corvée d’hier, je vous en demande bien pardon d’avance. Il me semble que je vous ai rencontré cette nuit au bal de l’opéra. Je n’ai pas voulu vous déranger de l’espèce de bonne fortune que vous aviez avec un domino jaune et vert. Quanta à moi je m’étonne que vous ne m’ayez pas reconnue sous mon domino florentin garni de haute dentelle. Je vous avais cependant prévenu que j’aurais un bouquet de camélias rouge et blanc. Une autre fois vous serez moins distrait je l’espère.
Jour oto, je sais qui est-ce qui vous aime de toute son âme, c’est moi. Je sais qui est-ce qui vous adore de tout son cœur, c’est moi. Je sais qui est-ce qui donnerait sa vie mille fois pour vous, c’est votre vieille Juju qui dans ce moment-ci vous appelle, vous désire et vous attends.
Jour to, jour, petit o. Je vous baise bien des fois.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 83-84
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « quand ».


22 janvier [1837], dimanche 3h ½ du soir

Mon petit Toto chéri, viens je t’aime. Mon petit Toto adoré, viens je t’adore. J’ai besoin de vous caresser, de vous baiser et de vous lécher à tous les coins. Il fait un temps de chien, mais je sais que les amoureux et les poètes s’en soucient comme de ça, or vous êtes l’un ou l’autre de ces animaux et je vous attends.
Jour, mon petit Toto chéri mais venez donc.
J’ai envoyé chez Mme Pierceau ce matin, elle ne m’avait pas encore écrit parce que Mme Krafft n’avait pas encore déménagé la cave maintenant tout est fini et elle m’attend à son tour, mais je vous aime, moi, et la journée me semble bien longue quand je ne vous vois pas. Si vous aviez pitié de moi vous viendriez, ne fût-ce qu’en tout petit moment. Le temps de me laisser voir vos beaux yeux et de baiser votre charmant petit bec.
Qu’est-ce que vous faites, vieux Toto ? je suis sûre que vous vous laissez admirer par Mme M. M., que vous en contez à Mme Floran de triste-à-patte [1].
Si je vous n’y prends prenez garde à vous, je suis extrêmement féroce et pas du tout joviale ainsi prenez garde à vous.

Juju

BnF, Mss, NAF 16329, f. 85-86
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Triste-à-pattes : surnom des policiers parisiens, et par extension, personne à triste figure.

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