Mardi, 10 h. ½ du matin
[25 août 1835]
Bonjour, mon cher petit Toto, je pensais d’après ce que tu m’avais dit hier soir que je te verrais ce matin. Tu n’es pas venu et je ne t’en veux pas, je sais que tu travailles et que tu ne peux pas toujours disposer de ton temps. Je te demande seulement de penser à moi. Il me semble que si tu le fais, je souffrirai moins de ton absence.
Je suis toujours sans bonne, elle n’est pas encore venue. Je l’attends avec impatience, car je suis trop courbaturée pour m’occuper seule de mon ménage et cette portière me déplaît excessivement.
On donne ce soir Marie Tudor, je trouve qu’il fait un bien beau temps pour le spectacle [1]. Si tu n’étais pas si occupé, je t’aurais prié de m’y conduire. Mais dans ce moment-ci, je sens bien que c’est impossible.
J’ai beaucoup de lettres à écrire, mais avant, je voudrais m’en entendre avec toi pour ne rien faire de trop ni de moins.
Je t’aime, mon Toto chéri, je t’adore. Je regrette toujours notre vie nomade, cela ne peux pas te fâcher que je sois triste de notre retour [2].
Juliette
BnF, Mss, NAF 16324, f. 144-145
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette